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BEYONCÉ MET LE FEU AU STADE DE FRANCE

today22 juin 2025 747 18 3

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Paris s’est transformé en far west samedi soir. En l’espace de trois concerts sold-out au Stade de France, Beyoncé a prouvé qu’elle n’avait besoin ni de chapeau ni de lasso pour dompter la foule. Sa tournée mondiale “Cowboy Carter Tour” a fait une escale triomphale à Paris, et le public est reparti bouche bée et cœur plein.

À 20h30 pétantes, Queen B fait son apparition, sobre mais impériale, comme si elle avait simplement décidé de nous bénir de sa présence. Pas de déluge pyrotechnique en entrée, mais une montée en puissance maîtrisée avec “AMERIICAN REQUIEM”, tout en harmonies envoûtantes. Une ouverture solennelle, presque spirituelle, qui donne immédiatement le ton : ici, on ne fait pas du country pour faire joli, on réécrit les règles d’un genre historiquement monopolisé par les cowboys blancs.

Derrière elle, une armée de danseurs et danseuses – dont sa propre fille Blue Ivy – occupe la scène immense en étoile. Le décor est grandiose, les écrans sont démesurés, mais Beyoncé reste le point de gravité de ce western pop. Dès les premières notes, le public venu du monde entier hurle, et la cavale commence.

Le concert oscille entre message politique et puissance artistique. Elle rend hommage aux artistes afro-américains, reprend “Blackbird”, dénonce l’oppression dans “Freedom”, et s’adresse à son public comme à une nation toute entière dans “AMERICA HAS A PROBLEM”, pupitre présidentiel à l’appui. Le show devient alors manifeste, illustré par des images fortes : danseurs muselés, corps recouverts de journaux, et chorégraphies à couper le souffle.

Entre deux fulgurances électrisantes comme “Formation”, “MY HOUSE” ou “Diva”, Beyoncé prend le temps d’émouvoir avec “PROTECTOR”, douce déclaration à ses enfants, où sa fille Rumi monte sur scène. Instant de tendresse suspendu dans une soirée en haute intensité. Et comme si cela ne suffisait pas, elle braque la lumière sur ses choristes pour un tableau “Flamenco” tout en intensité et en élégance.

Si elle reste avare en discours directs, l’artiste se montre étonnamment accessible : sourires complices, regards tendres, gestes vers le public. Et lorsqu’elle survole la foule sur un fer à cheval ou une Cadillac volante, c’est toute la ville lumière qui retient son souffle. Même quand les bracelets lumineux du public peinent à briller à cause du jour encore présent, le spectacle sur scène ne faiblit pas.

La dernière partie du concert se transforme en gigantesque fête texane, avec “TEXAS HOLD ’EM”, “BODYGUARD”, “THIQUE”, et les tubes qui ont fait danser la planète entière. Un truck géant débarque, des étincelles fusent, et “Crazy in Love” fait trembler les gradins. C’est généreux, spectaculaire, et bourré de nostalgie.

En robe étoilée et devant une Statue de la Liberté gonflable, Beyoncé livre un final aussi pop qu’emblématique, saluant Paris avec la ferveur d’une rock star… et la grâce d’une icône. Sa voix plane encore dans l’air lorsqu’elle nous adresse un dernier mot : amour, bénédictions, et gratitude à la française. Un au revoir tout en hauteur.

Une Beyoncé en état de grâce, un show à la fois spectaculaire et engagé, et un Stade de France transformé en ranch cosmique. Si la country avait un nouveau visage, il s’appellerait Beyoncé Knowles.

Écrit par: Loic Couatarmanach

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