Cinéma

LOUIS JOUVET : STAR DU FESTIVAL LUMIÈRE DE LYON

today14 octobre 2025 2

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Le festival Lumière 2025 met à l’honneur l’acteur Louis Jouvet du 11 au 19 octobre. L’occasion de retrouver le talent de celui qui a fait le succès de films comme Knock et Hôtel du Nord pour ne citer qu’eux.

Né Jules Eugène Louis Jouvet à Crozon en Bretagne, cet artiste aux multiples facettes a marqué l’histoire du spectacle français au XXe siècle. Son parcours atypique, d’abord destiné à la pharmacie par volonté familiale, a finalement donné naissance à l’une des figures les plus emblématiques du théâtre et du cinéma hexagonal.

Malgré sa passion dévorante pour l’art dramatique, le jeune Jouvet essuie trois refus consécutifs au Conservatoire d’Art Dramatique de Paris. Loin de renoncer, il fait la rencontre décisive de Jacques Copeau, intellectuel renommé et directeur du Vieux Colombier. Ce dernier l’engage comme régisseur général, lui offrant ainsi une formation pratique aux métiers de comédien et metteur en scène, directement sur le terrain.

En 1927, Jouvet fonde avec Charles Dullin, Gaston Baty et Georges Pitoëff le Cartel des quatre, une association théâtrale ambitieuse. Leur répertoire inclut des œuvres majeures de Jean Giraudoux, Jules Romains et Molière. C’est durant cette période que Jouvet développe son style unique : une diction saccadée qui compense son bégaiement naturel, un registre de mimiques mémorables, et une présence scénique marquée par un visage émacié, un regard pénétrant et une silhouette élancée empreinte d’élégance.

L’entrée tardive mais marquante au cinéma

À 45 ans, en 1932, Jouvet fait ses débuts cinématographiques dans Topaze de Louis J. Gasnier, incarnant le professeur éponyme. L’année suivante, il coréalise avec Roger Goupillières l’adaptation de Knock, pièce de Jules Romains qu’il avait déjà interprétée sur scène. Son personnage de médecin manipulateur lui ouvre les portes du septième art français, alors en pleine révolution du cinéma parlant.

Entre 1935 et 1941, Jouvet enchaîne 18 films aux côtés des plus grands réalisateurs français. Il campe tour à tour un religieux corrompu dans La Kermesse héroïque de Jacques Feyder, un espion germanique dans Salonique, nid d’espions de Georg Wilhelm Pabst, un noble déchu dans Les Bas-Fonds de Jean Renoir, ou encore un prélat anglican dans Drôle de drame de Marcel Carné.

Bien qu’affirmant ne tourner que pour financer sa troupe théâtrale, il livre des performances remarquables, notamment dans Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné, où il interprète un truand sentimental considéré comme l’un de ses rôles les plus aboutis. Julien Duvivier le sollicite trois fois entre 1937 et 1940 pour Un Carnet de bal, La Fin du jour et La Charrette fantôme.

L’après-guerre et les rôles inoubliables

Après le ralentissement imposé par la Seconde Guerre mondiale, Jouvet revient au cinéma avec Untel père et fils de Duvivier. Suivent plusieurs performances magistrales : un chorégraphe revenu régler ses comptes dans Un Revenant (1946), un cambrioleur aux multiples doubles dans Copie conforme (1947), et surtout un inspecteur tourmenté et acerbe dans Quai des Orfèvres (1947) d’Henri-Georges Clouzot.

Ironiquement, l’un de ses derniers films en 1950 est un remake de Knock, réalisé cette fois par Guy Lefranc, lui permettant de retrouver le rôle du médecin rusé qui l’avait révélé au grand public.

Décédé en 1951 d’un infarctus, Louis Jouvet est aujourd’hui reconnu comme l’un des monuments du cinéma français classique, aux côtés de Jean Gabin et Michel Simon. Paradoxe ultime pour cet homme qui considérait le cinéma avec méfiance et plaçait le théâtre au sommet de ses priorités artistiques. Ses répliques cultes, comme « Attention attention, est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous gratouille ? » ou « Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre… », continuent de résonner dans la mémoire collective française.

Retrouvez les films de Louis Jouvet dans la programmation du Festival Lumière à Lyon ICI.

Écrit par: Loic Couatarmanach

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