Le retour inattendu du CD séduit la génération Z

Le marché du CD connaît un rebond surprenant en cette fin d’année 2025. Les ventes de lecteurs CD ont bondi de 74% sur un an, un chiffre qui témoigne d’un engouement retrouvé pour ce support que beaucoup considéraient comme obsolète. Cette résurgence s’inscrit dans un mouvement plus large de renaissance rétro qui touche particulièrement les jeunes générations, nostalgiques d’une époque qu’elles n’ont parfois même pas connue. Les études révèlent que la génération Z (né entre 1990 et 2010) achète désormais davantage de disques compacts que ses aînées, tandis que la génération Alpha (né entre 2010 et 2020) commence elle aussi à s’intéresser aux supports physiques. Cette appropriation par les plus jeunes transforme le CD en objet de collection et d’affirmation culturelle, bien loin de sa fonction utilitaire d’origine.

Les stars actuelles accompagnent ce mouvement avec des stratégies commerciales adaptées. Taylor Swift, Pink Floyd ou Sam Fender proposent des éditions deluxe enrichies de contenus exclusifs, transformant l’achat d’un CD en expérience complète. Le retour annoncé de groupes mythiques comme Oasis ou Pulp sur les scènes mondiales amplifie cette dynamique nostalgique qui profite aux ventes physiques.

Un positionnement stratégique entre vinyle et streaming

Le CD trouve sa place dans un écosystème musical diversifié. Plus abordable que le vinyle dont les prix s’envolent, il offre une qualité sonore supérieure au streaming compressé tout en permettant de soutenir plus directement les artistes. Cette position intermédiaire séduit les mélomanes soucieux de concilier budget, qualité et éthique de consommation culturelle.

Au-delà de la musique elle-même, le CD répond à un besoin de matérialité dans un monde dématérialisé. Les illustrations soignées, les livrets détaillés et la possibilité de constituer une collection physique offrent une expérience que le streaming ne peut reproduire. Cette dimension tactile et visuelle participe à créer un lien affectif avec l’œuvre musicale.

Une stabilisation après la chute

Si l’euphorie actuelle ne doit pas faire oublier que les volumes de ventes restent très inférieurs aux records du début des années 2000, le déclin vertigineux du format s’est nettement ralenti. Cette stabilisation suggère que le CD a trouvé sa niche dans un marché musical fragmenté où coexistent multiples supports et modes de consommation.

Ce retour du CD s’inscrit dans une tendance sociétale plus vaste de réappropriation des technologies analogiques et des objets du passé récent. Les années 90 et 2000, période d’apogée du CD, exercent une fascination particulière sur les jeunes générations qui y projettent une authenticité et une simplicité fantasmées, en réaction à l’hyperconnexion actuelle.

L’avenir du support physique

Cette résurgence pose la question de la pérennité des supports physiques dans l’industrie musicale. Loin de disparaître totalement, ils semblent évoluer vers des fonctions nouvelles : objets de collection, marqueurs identitaires, supports d’expériences enrichies. Le CD retrouve ainsi une pertinence inattendue, démontrant que l’innovation technologique ne suit pas toujours une trajectoire linéaire et que les usages culturels peuvent ressusciter des formats que l’on croyait condamnés.